Robert

Au départ il y a un sac.

Ensuite il y a une fille.

Le sac, dans son enfance se trouvait être un de ces animaux sur lequel tout le monde s'emeut, un trémolo dans la voix plus ou moins masqué: "ooooh il est miiiiignooon".

En clair, un agneau.

(et que j'en entende pas des qui vont s'ingurger et citer Peta, parce que quand il est dans une assiette à Pâques, on fait moins de chichis)

Un monsieur nommé Gérard Darel, dans une inspiration de génie créatrice, en a fait ce qu'il est aujourd hui: Du cuir, deux ances et une étiquette à l'interieur qui justifie son prix.(plus elevé qu'une barquette d'agneau au rayon boucherie de chez Leclerc)

La fille dans son enfance, à table, portait une serviette autour de son cou, avait une mère qui la reprimandait si jamais elle mangeait comme un porc (animal sur lequel on s'attendrit plus rarement),et s'en tenait au jambon/coquillettes, plat plebiscité par des millions de generations encore en âge de regarder L'île aux enfants.

L'adolescence fut desastreuse. La fille -nous l'appellerons S- renia le porc sous forme de tranche pour le preferer roulé, entouré de feuilles de menthe ou de salades.

Oui, S avait decouvert la nourriture chinoise. Et Robert allait bientôt comprendre l'entiére signification des mots souffrance, huile et tâches.

Ensuite vint la rencontre.Dés lors, il y eu de nombreuses difficultés, jalousies, et coups bas.

Pendant que S balançait discretement sac et manteau sur l'objet de sa colére, dans des tentatives repetés d'asphyxie, et tabassait le pauvre Robert avec ses pieds, ce dernier s'evertuait à se jeter sous les pas de sa rivale dans l'espoir vain de la faire trebucher.

Il parut bientôt evident qu'il ne restait plus que deux options devant la montée en puissance des violences : l'amistice et l'aprentissage d'une cohabitation. Ou bien le dechirement final, une guerre sans pitié où ne ressortirait qu'un seul combattant victorieux.

S pleine de haine, pour d'obscures raisons, choisie bien vite son camp.

Et élabora un plan vicieux afin de detruire definitivement Robert.

Pour cela, elle mit à profit ce qu'elle savait le mieux faire depuis que sa pauvre maman avait renoncé à lui apprendre les rudiments de la bonne conduite autour d'une table en société: manger en en mettant partout.

Animé par la soif de vengeance envers celui qui l'avait presque fait s'écrouler dans l'allée du vieux batiment de la faculté quelques jours auparavant, elle pris ce qui lui sembla être le plus mortel pour son ennemi: LE NEM!

(éclair + buit de la foudre qui s'abat)

Imaginez alors. Elle se precipita dans le premier restaurant chinois qu'elle croisa, insista pour que sa barquette de nems soit bien degoulinante d'huile, puis courut rejoindre Robert encore ignorant de ce qui se tramait contre lui.

S se mit à sourire, l'oeil agité d'un drôle de tique nerveux, une expression béate sur son visage.

Puis elle se saisit de cette chose visqueuse et y mordit à pleine dent.

Mesdames, Messieurs, je vous prie de me croire ce fut un massacre, une explosion, un carnage.La fin de Robert.

Eclaboussé, blessé, mourant, son cuir hurlant sa douleur avec le peu de force qui lui restait, il fit claquer une derniére fois sa laniére contre la joue encore remplie de S, pour que ses derniers gestes soient honorables, et doucement quitta ce monde.

Un monde à present dominé par l'infâme armée des nems commandité par la terrible S.

Par les matins de batailles, on entend alors retentir le cri de celle qui supprima son ennemi par la solution la plus cruelle qui soit pour un sac de ce montant "HEY! ON VA AU CHINOIS??!!!HEIN?ON Y VA? HEIN DIS?!!!!!!!!!!!!!!"